Le Japon, ce petit pays dont la riche culture fascine et dont l’économie a été florissante avant que la crise ne frappe (jusqu’en 2010 le Japon était la 3e puissance économique mondiale) attire de plus en plus de touristes du monde entier et envisage même de doubler le nombre de touristes étrangers d’ici à 2020, année où seront organisés les Jeux Olympiques de Tokyo. Mais il est un fait peu connu des touristes que les Japonais maitrisent mal les langues étrangères et parlent rarement la langue internationale des affaires et du tourisme, l’anglais. Même si la plupart des enfants étudient l’anglais à l’école, les japonais ne parlent en général que le japonais. Cette réalité constitue un paradoxe dans un pays où l’éducation est réputée excellente et les élèves et étudiants réputés studieux, et où l’offre de cours de langues est pléthorique. Alors comment s’explique ce peu d’engouement des japonais pour les langues étrangères? Plusieurs facteurs sont en jeu.
L’absence de nécessité à maîtriser les langues étrangères
Une raison majeure de maîtriser l’anglais ou une langue étrangère en général est pour avoir accès à de meilleures opportunités de travail dans son pays ou à l’étranger.
Le marché de l’emploi nippon fournit du travail, souvent qualifié et rémunérateur, des possibilités de faire carrière, et par conséquent ne pousse pas les jeunes à chercher un travail à l’étranger.
Au Japon, il n’y a pas de réelle pression due à la concurrence sur le marché de l’emploi, le pays pratique la préférence nationale. Pour les japonais la maîtrise de l’anglais n’est donc pas un pré-requis pour trouver un emploi.
L’anglais est la langue du commerce international, mais les entreprises implantées au Japon font l’effort de maitriser le japonais ou font appel à des interprètes, métier très prisé au Japon. Et parfois c’est l’inverse, les japonais font appel à des interprètes pour communiquer avec leurs clients.
Pour couronner le tout, les japonais ont très peu tendance à s’expatrier.
Une culture différente
De par sa situation insulaire, le Japon a longtemps été isolé. De par son histoire et sa culture, très singulières, la communication entre les japonais eux-mêmes et celle des japonais avec des étrangers s’inscrit dans un contexte particulier (voir ici pour développer ce sujet : http://www.lebulletinducratil.fr/index.php/michel-dalonneau-consultant-japon-itineraires-interculturels). L’histoire du Japon explique également sa volonté d’être une puissance et par là même à imposer sa propre culture au reste du monde notamment par ce qu’on nomme la « soft power« : faire connaître le pays, sa gastronomie, ses manga, pour renforcer sa puissance. D’ailleurs, la stratégie touristique dont j’ai parlé précédemment s’inscrit dans ce cadre. Cette volonté de briller et de compter sur la scène internationale n’est donc pas tout à fait compatible avec la volonté de maîtriser la langue qui véhicule la culture de l’actuelle première puissance mondiale et ancien ennemi, les Etats-Unis.
Parfois, on mentionne aussi le côté « perfectionniste » des Japonais, qui même s’ils ont appris l’anglais, n’osent pas forcément le parler de peur de commettre des erreurs.
La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que si vous ne maîtrisez pas vous même l’anglais, vous pouvez tout de même visiter le Japon et trouver le moyen de vous faire comprendre: les japonais sont toujours prêts à aider si vous en avez besoin.
Quelques liens utiles pour approfondir le sujet
http://www.franceculture.fr/le-japon-soutient-activement-son-soft-power
N’hésitez pas à venir nous faire part dans vos commentaires de votre expérience avec les Japonais et l’anglais ou de vos remarques sur le sujet.