Pistes et outils pour engager les élèves dans les cours en ligne – FLE

La salle de classe, qu’elle soit en présentiel ou virtuelle, est un lieu dynamique. La façon dont les professeurs utilisent les différents formats d’enseignement compte beaucoup dans l’engagement des élèves.

Maintenir l’engagement des étudiants en cette période particulière où certains cours n’ont lieu qu’à distance et d’autres dans des formats hybrides, grâce à un contenu amusant et interactif, favorise les possibilités d’apprentissage et d’engagement social des apprenants.

Vous êtes novice dans l’enseignement en ligne? Pas de panique, tout le monde peut y arriver, il suffit d’avoir un appareil connecté à Internet, une application de visioconférence ou de chat, une bonne compréhension des enjeux et des mécanismes de la motivation et des méthodes testées et approuvées.

Quelques termes pour s’y retrouver

L’enseignement hybride est un mélange de cours en ligne et de cours en présentiel (en face à face).

La classe inversée consiste à mettre l’élève au centre de l’apprentissage. Selon H. Dufour « dans sa description la plus commune, la classe inversée consiste à déplacer la partie magistrale du cours à la maison, et à utiliser le temps de classe ainsi libéré pour réaliser les devoirs traditionnellement faits à la maison. » C’est l’inverse de ce que l’on connaît habituellement en classe, que ce soit à l’école, au lycée ou à l’université. (Source: La classe inversée, Héloïse Dufour, 2014). Le numérique est particulièrement utile lorsqu’on opte pour la classe inversée car l’enseignant peut donner des ressources, notamment numériques, aux élèves pour travailler entre les séances.

L’engagement est défini comme le fait pour un apprenant d’entrer et de s’impliquer dans l’apprentissage (Bourgeois, 2009). L’engagement résulte d’une prise de décision de l’apprenant. Des indicateurs de l’implication peuvent être le fait d’écouter attentivement l’enseignant, de participer au cours, de poser des questions, de solliciter l’enseignant (questions par exemple). Les TIC (technologies de l’information et de la communication) influent sur l’engagement, même s’il n’a pas encore été démontré qu’elles ont un impact sur l’apprentissage.

La motivation est définie comme  » l’ensemble des facteurs qui déterminent les actions et le comportement d’un individu dans la réalisation d’une activité ou la poursuite d’un objectif » (Source : Académie de Grenoble, DANE). Elle va dépendre de la perception que l’élève a de lui-même et de la perception qu’il a de la tâche à réaliser. L’élève se motive parce qu’il a besoin :

-d’appartenir à un groupe

– de compétence

-d’autonomie (le fait « de se sentir comme étant à l’origine de son propre comportement et de ses actions sans que s’exerce une contraire extérieure ou interne », source : Académie de Grenoble, DANE).

L’objectif est donc de créer une motivation autodéterminée de la part de l’élève, ce qui le pousse à s’engager dans des activités d’apprentissage de son propre chef (par choix) et non parce qu’il ressent une contrainte. L’élève apprend alors par plaisir et non parce qu’il a peur d’une sanction ou recherche une récompense.

Pour motiver l’élève et provoquer l’engagement, l’idée est donc pour l’enseignant de provoquer l’intérêt et l’autodétermination chez l’élève. Cele se fait en définissant clairement les objectifs de l’apprentissage, en trouvant le bon degré de difficulté d’une activité ou en le laissant choisir les activités qu’il veut faire par exemple.

Les activités interactives, c’est-à-dire qui consistent en un « dialogue » entre l’apprenant et un sytème informatique en temps réel, favorisent l’apprentissage des étudiants en augmentant leur motivation à apprendre et en leur permettant de se connecter au contenu et d’utiliser des stratégies de réflexion.

Plus important encore, une approche active (pédagogie active) accroît elle aussi l’engagement des apprenants. Elle consiste à rendre l’élève acteur de son apprentissage. Cela peut consister en un apprentissage par résolution de problème, par expérience, un apprentissage collaboratif ou par projet.

Les enseignants doivent intégrer diverses méthodes permettant aux élèves d’interagir avec la matière enseignée, y compris des possibilités de participation individuelle, ainsi qu’en petits et grands groupes.

1.Intéressez-vous à vos apprenants…vraiment!

Outils : Sondage sur Zoom, tutoriel ici

Le contexte qui a fait basculer l’enseignement classique en cours à distance est un contexte de pandémie mondiale, ne l’oubliez pas. Il est très important de savoir où se situent vos élèves sur l’échelle du bien-être, car s’ils éprouvent des difficultés, voire s’ils sont en détresse pour une quelconque raison, ils n’auront pas la disponibilité mentale pour se consacrer à l’apprentissage.

Vérifiez toujours avant de commencer comment ils se sentent en posant des questions à l’oral ou via un quiz. Certains profs demandent par exemple dans un sondage où se trouvent les élèves au moment où le cours commence, ou ce qu’ils portent aux pieds. Cela peut prêter à sourire, détendre l’atmosphère et peut montrer aux apprenants que vous vous intéressez à eux.

Bien entendu, efforcez-vous de connaître tous vos étudiants par leur nom, et de prononcer leur nom régulièrement. Cela permet de créer du lien avec eux et c’est important.

2.Privilégiez l’apprentissage collaboratif en ligne

Les outils : Google Docs, Google Slides, les salles Zoom, Jamboard, Padlet…

L’apprentissage collaboratif permet aux élèves d’interagir entre eux et suscite l’engagement. Selon la théorie socioconstructiviste de Vygotski  « la dimension sociale a une incidence sur le développement de la pensée et de l’interprétation du monde des apprenants » : les élèves apprennent aussi en interagissant entre eux.

Des outils gratuits et simples d’utilisation facilitent le travaillent collaboratif en ligne. Vous pouvez adapter les cours que vous utilisez en présentiel pour les rendre compatibles avec les cours en ligne. Prenez le temps de réfléchir pour chaque cours:

  • quels sont les objectifs?
  • de quel matériel disposent les élèves? (posez la question aux élèves : ont-ils une imprimante pour imprimer le matériel?) De quel matériel disposez-vous?
  • quels outils sont les mieux adaptés à ce que vous voulez faire?

Si vous n’avez pas le temps d’adapter vos cours, il existe aussi du contenu de qualité en ligne, gratuit ou payant. Faites une veille sur les sites qui en proposent.

Voici des outils qui vont permettre à vos apprenants de rester actifs pendant les cours :

Travailler avec Google Slides

Les enseignants peuvent regrouper 4 à 5 élèves sur une présentation Google Slides, qui est un outil de travail collaboratif de type « Powerpoint », et leur demander de faire des recherches sur un sujet ou un concept spécifique afin de réaliser une tâche (production écrite, orale, répondre à des questions…).

Ils devront par exemple travailler en collaboration pour rassembler leurs informations dans une présentation convaincante et visuellement attrayante, mêlant texte et supports visuels.

Bien que vous ne puissiez pas observer tous les groupes en même temps lors d’une réunion virtuelle, vous pouvez néanmoins suivre les progrès des étudiants. Par exemple, les groupes peuvent prendre des notes dans un document Google docs.

Vous pouvez demander ensuite aux élèves de faire ensuite une présentation de leur travail pendant leur temps en présentiel ou pendant une session de vidéoconférence (en ligne).

Travailler de manière collaborative dans les salles Zoom

Tutoriel pour créer des salles Zoom et répartir les élèves en groupes : https://support.zoom.us/hc/fr/articles/206476313-Gérer-les-Salles-de-petits-groupes-de-discussion-vidéo

Vous pouvez faire travailler les élèves en groupes en les répartissant dans différentes salles sur Zoom. Ils peuvent par exemple chercher des arguments pour et contre les jardins en ville en écrivant leurs idées dans un Jamboard (un tableau collaboratif où les élèves peuvent coller tous ensemble des post-its de couleur et les regrouper, les réarranger…). C’est un outil très simple à utiliser.

Jamboard, un outil collaboratif – Crédits : Polyglottes.org

3.Utilisez des outils interactifs et ludiques

Les outils : Genial.ly, Prezi, Kahoot, Miro, Coggle, Pickerwheel…

Maintenir l’engagement des étudiants n’est pas une mince affaire lorsque les cours se déroulent en ligne mais des outils vous permettent de susciter l’intérêt des apprenants pendant la classe et entre les séances.

Genially

Genially par exemple est une solution intéressante pour créer du contenu interactif visuellement attrayant. il offre une multiplicité de possibilités gratuites :

  • Utilisez le modèle quiz pour une activité d’échauffement dans vos cours en ligne (ou en présentiel, ça marche aussi), voir notre exemple avec l’argot du français ici
  • Transformez des diapositives contenant des textes et des images courts et percutants en vidéos
  • Demandez aux élèves de collaborer et d’analyser une infographie, en ajoutant des annotations et des idées à l’aide d’astuces interactives
  • Proposez aux élèves des tâches comme celle de rédiger un texte pour décrire un personnage avec des instructions en plusieurs étapes (voir l’exemple d’un travail d’écrit autour des Misérables de Victor Hugo ici)
  • Demandez aux élèves créer leurs propres présentations. Décomposez les grands thèmes que vous voulez aborder en petits parties et attribuez à des groupes ou à des binômes. Demandez-leur ensuite de partager les liens vers un album multimédia pour une expérience d’apprentissage plus interactive et immersive. Bien entendu, comme pour tout outil de création, vous devez vous assurer que les élèves respectent les droit d’auteur (images, citations des sources…) et qu’ils évitent de partager des informations personnelles.
  • Créez des escapes games (ou jeux d’évasion) avec vos élèves ou pour vos élèves sur différents thèmes. Voici un exemple d’escape game pédagogique créé à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes : « Panique à sexisme city ».

Kahoot pour les quiz

Pour créer des quiz, Kahoot est aussi un outil connu et pratique que beaucoup de professeurs plébiscitent.

Miro pour les cartes mentales collaboratives

Pour créer des cartes mentales collaboratives ou des schémas, l’outil Miro peut également vous rendre service.

Miro – Crédits : Polyglottes.org

Pickerwheel : la roue de la fortune pour lancer des sujets de discussion

Pour susciter l’intérêt des apprenants lors de débats ou de discussions thématiques, vous pouvez avoir recours à un outils simplissime (aucune inscription, prise en main très rapise), qui est Pickerwheel. Il s’agit d’une roue dans laquelle vous pouvez écrire des thèmes de discussion par exemple, puis un élève la lance (« spin ») et elle indique l’une des options.

Pickerwheel – Crédits : Polyglottes.org

4.Pensez aux autres formes de participation qui n’impliquent pas la vidéo en direct

Les outils : Zoom / Teams, Google Hangouts + Google docs, Google slides, Etherpad-Récit…

La vidéo : une forme d’intrusion dans la vie privée

Pour de nombreux enseignants, ce sont les réactions en temps réel, visibles sur les visages et dans les postures des apprenants, qui donnent de l’élan à une discussion en classe. Cependant, la vidéo en direct peut être vue par les élèves comme une forme d’intrusion dans leur espace privé. Si un étudiant est gêné par cet aspect, il peut se sentir moins à l’aise pour contribuer à la discussion.

La « fatigue Zoom »

Il faut aussi prendre en compte la « fatigue Zoom » qui est maintenant documentée et qui peut se manifester par des effets psychologiques négatifs (Jiang 2020). Évidemment, cette fatigue peut survenir avec tous les autres logiciels de visioconférence (Teams, Skype…), car elle est dûe à la concentration requise pour décoder les éléments non verbaux.

Vidéo et bande passante

Enfin, la vidéo peut également surcharger la bande passante d’un étudiant si son équipement et sa connexion ne sont pas optimaux.

Pour toutes ces raisons, il est important de tenir compte de ces considérations et de discuter avec les étudiants des attentes en matière de participation à la vidéo, surtout si celle-ci semble faire partie intégrante de votre pédagogie.

Alternatives à l’enseignement en ligne avec la vidéo

Trouvez d’autres moyens d’évaluer l’engagement, comme des questions de sondage ou des activités en petits groupes. Vous pouvez dire aux étudiants qu’ils peuvent désactiver leur vidéo, mais vous attendez d’eux qu’ils répondent verbalement s’ils sont sollicités, qu’ils contribuent activement au chat, etc.

Évidemment, cela peut être un peu plus compliqué avec un élève unique ou avec les niveaux débutants, car l’interaction peut être ralentie. Mais la séance peut se dérouler en format audio (sans vidéo) par exemple en combinant cela avec un outil de travail collaboratif comme Google docs, Google slides, Etherpad-Récit. Vous pouvez aussi tirer profit de l’outil Pickerwheel pour lancer des sujets de discussion.

Pour des pistes concernant le clavardage en contexte pédagogique (communication basée sur la publication de textes écrits à partir des claviers des ordinateurs des participants, Rodet, 2003), lisez ceci :

Gonthier, Marie-Ève (2017). Clavardage en contexte pédagogique : écriture, interactions et motivation chez des élèves dans des classes d’adaptation scolaire au premier cycle du secondaire. Thèse. Rimouski, Québec, Université du Québec à Rimouski, Unités départementales des sciences de l’éducation, 240 p. Consultable en version numérique ici: http://semaphore.uqar.ca/id/eprint/1294/

5.Demandez des « feedbacks » fréquents

Les outils : Sondage sur Zoom, tutoriel ici

En vérifiant en temps réel si les étudiants comprennent les concepts et peuvent s’engager dans l’apprentissage, vous pouvez mieux adapter vos cours.

Pour ce faire, demandez fréquemment (au moins 1 fois par semaine, ou à la fin de chaque cours) un feedback de la part des élèves. Vous pouvez poser des questions comme celles-ci (source : Iowa State University, Center for Excellence in Learning and Teaching), en utilisant un outil de Quiz ou de sondage :

-À quel moment de la classe avez-vous aimé le sujet/ la tâche que vous étiez en train de faire?
-À quel moment de la classe avez-vous senti que vous décrochiez?
-Qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans le cours de cette semaine ?

6. Structurez le travail des apprenants, planifiez, gérez le temps

Outils : Moodle, e-mail, Google calendar…

Planifier, donner des consignes claires

Il est important de planifier les échéances et de donner des consignes claires aux élèves. Vous ne voulez pas recevoir en permanence les devoirs des élèves par mail, alors fixez les moments où les élèves doivent vous envoyer leurs devoirs, comment ils doivent les nommer ou les numéroter le cas échéant.

Rendez le planning des cours et des échéances accessible et rappelez-le régulièrement.

Se rendre disponible en dehors des cours en ligne

Enfin, fixez des moments où vous êtes joignable pour les élèves, afin qu’ils puissent vous poser des questions de manière individuelle entre les cours et discuter de leurs difficultés avec vous. Fixez aussi les modalités selon lesquelles vous serez disponible : par messagerie sur Moodle, par WhatsApp/Telegram et les créneaux horaires. Cela permet de favoriser l’engagement des élèves.

Pour conclure, les cours en ligne ne requièrent pas de « révolutionner » la manière dont vous donnez cours. Les élèves ne sont pas obligés d’utiliser des outils numériques en permanence, ils peuvent aussi prendre des notes avec des cahiers et des stylos et vous envoyer leurs productions en prenant de simples photos. Tout dépend des objectifs à atteindre. À vous de trouver le bon dosage entre les outils que nous vous avons présentés et les outils classiques afin d’engager vos apprenants au mieux.

Webographie :

https://www.cairn.info/revue-distances-et-savoirs-2003-3-page-399.htm

http://semaphore.uqar.ca/id/eprint/1294/

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3 réflexions sur “Pistes et outils pour engager les élèves dans les cours en ligne – FLE


  1. Bonjour,
    J’apprécie beaucoup vos partages bienveillants et enrichissants. C est très aidant .
    Je suis une ancienne professeur de physique chimie à la retraite et depuis le premier confinement, je fais de l’aide aux devoirs en distanciel . J’utilise une tablette graphique xp-pen : https://www.xp-pen.fr . J’en suis satisfaite, pas de soucis pour écrire les formules/calculs de physique, de chimie et faire des schémas à main levée.
    Bonne journée.

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