Rimbaud, Le dormeur du val, commentaire linéaire pour l’oral

Le poème Le dormeur du val, du jeune Arthur Rimbaud, fait partie des poèmes du Cahier de Douai au programme du Bac de français.

Arthur Rimbaud, poète prodige du XIXe siècle, nous offre avec “Le Dormeur du val” un sonnet saisissant qui mêle habilement beauté de la nature et dénonciation de l’horreur de la guerre. Dans cet billet, nous vous montrons comment réaliser un commentaire linéaire sur ce poème pour l’oral du Bac de français.

LE DORMEUR DU VAL COMMENTAIRE LINÉAIRE RIMBAUD

Voici le poème :

Le dormeur du val

C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Arthur Rimbaud, octobre 1870

Le dormeur du val est probablement l’un des sonnets les plus connus de toute la poésie française.

Commentaire linéaire le dormeur du val

Un sonnet est un poème ayant la structure suivante : 2 quatrains puis 2 tercets

Un quatrain = un ensemble de 4 vers (4 lignes) et un tercet = un ensemble de 3 vers

Comment faire un commentaire linéaire ?

  • Comme son nom l’indique, un commentaire linéaire se fait selon une analyse “ligne par ligne” du texte (contrairement au commentaire composé qui n’est pas linéaire).
  • Vous allez lire et relire le poème plusieurs fois pour vous imprégner du sens et de la progression du poème, des thèmes et repérer peu à peu les figures de style.
  • Vous pouvez consigner tous ces éléments dans l’ordre dans un tableau qui vous permettra d’analyser plus facilement le poème.
  • Une fois cette analyse faite, vous allez pouvoir trouver une problématique ( = une question à poser sur le poème).
  • Une fois que vous avez choisi une problématique, vous allez trouver un plan qui puisse répondre à cette problématique.
  • Le plan peut être en 2 ou en 3 parties.

Le dormeur du val est un sonnet en alexandrins, ce qui en fait une forme poétique classique.

Voici les détails de sa structure :

Versification

  • Le poème est composé de 14 vers
  • Chaque vers est un alexandrin (12 syllabes)

Structure des strophes

  • Deux quatrains suivis de deux tercets

Schéma des rimes

  • Les deux quatrains ont des rimes croisées (ABAB ABAB)
  • Le sizain (les deux tercets) commence par une rime embrassée (CCD EED)
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Voici comment nous pouvons mettre en évidence les aspects que nous repérons dans le poème :

  • en surlignage jaune : la répétition du présentatif “c’est”
  • en surlignage vert foncé : le champ lexical de la nature
  • en surlignage vert fluo : le champ lexical des couleurs
  • en surlignage rose : le champ lexical des parties du corps
  • en surlignage orange : la répétition du verbe “dormir” qui s’étale du 2e quatrain à la fin
le dormeur du val analyse linéaire
  • Le champ lexical de la nature parcourt l’ensemble du poème, et il est omniprésent dans le premier quatrain, en revanche, le champ lexical du corps lié à au soldat ainsi que la répétition du verbe “dormir” (dort) n’apparaissent qu’à partir du deuxième quatrain.
  • Il y a donc une progression : de la description de la nature à celle du soldat qui repose dans la nature.
  • “chante” une rivière (vers 1) et “montagne fière” (vers 3) : personnifications ; le soleil luit : = les éléments de la nature sont les sujets des verbes dans ce quatrain  / absence d’humains
  • À partir du 2e quatrain, un humain fait son apparition dans ce cadre naturel, sa caractéristique principale est sa jeunesse.
  • Le champ lexical du corps nous montre une progression dans la description du soldat : ordre de la description de la tête, aux pieds, à la narine, à la main, à la poitrine et chute finale.
  • D’abord l’homme est désigné comme un soldat (vers 5) puis comparé à un enfant (vers 10)
  • Répétition du verbe “dort” : accent mis sur le verbe “dormir” / lien avec le titre du poème : dort-il vraiment ?
  • les glaïeuls évoquent le glaive (arme) d’après l’étymologie, à mettre en lien avec le mot soldat
  • souriant / sourirait : polyptote (Déclinaison d’un mot sous différentes formes)
  • “Nature, berce-le chaudement” : apostrophe et personnification
  • chaudement / froid (vers 11) : antithèse
  • négation : « les parfums ne font pas frissonner sa narine » = doute sur son état
  • « deux trous rouges » confirmation de la mort car blessures fatales de balles ; chute finale après la description d’une nature idyllique 

Ces éléments nous orientent vers la problématique suivante :

Vous pouvez bien sûr en choisir une autre, ce n’est pas la seule problématique possible.

I. La nature, un cadre euphorique et vibrant de vie

II. Description du soldat endormi de la tête aux pieds

III. Brutalité de la chute

Ce plan répond à la problématique.

Introduction

Arthur Rimbaud a marqué la littérature par son génie précoce et son style novateur. Parmi ses œuvres les plus célèbres figure “Le Dormeur du val”, un sonnet écrit en 1870, alors que le poète n’avait que 16 ans. Ce poème, composé pendant la guerre franco-prussienne, offre une vision saisissante de la brutalité de la guerre, dissimulée derrière la beauté trompeuse de la nature.

“Le Dormeur du val” se présente sous la forme classique d’un sonnet en alexandrins. Malgré cette structure classique, Rimbaud parvient à insuffler une modernité frappante à son œuvre. Le poème décrit un soldat apparemment endormi dans un cadre naturel idyllique, avant de révéler, dans une chute brutale, la véritable nature de ce “sommeil”.

Pour répondre à cette problématique, nous analyserons d’abord comment le poète crée un cadre naturel euphorique et vibrant de vie. Ensuite, nous examinerons la description ambiguë du soldat, présenté comme endormi. Enfin, nous étudierons la brutalité de la chute et son impact sur la lecture rétrospective du poème.

I. La nature, un cadre euphorique et vibrant de vie

A. Un tableau idyllique de la nature

  • Description du “trou de verdure” et de la rivière qui chante
  • Atmosphère sereine et vivante créée par des images riches et sensorielles
  • Champ lexical de la nature omniprésent dans le premier quatrain

B. Une nature personnifiée

  • Utilisation de personnifications : la rivière “chante” et “accroche des haillons”, “montagne fière”
  • Emploi de verbes d’action et d’adverbes d’intensité (“follement”)
  • Les éléments de la nature sont les sujets des verbes dans ce quatrain
  • Absence d’humains dans cette partie

C. Lumière, mouvement et harmonies

  • Images lumineuses : “haillons d’argent”, “le soleil luit”, “mousse de rayons”
  • Utilisation de rejets pour créer un effet de mouvement dans les vers
  • Les rimes créent un rythme harmonieux

II. Description du soldat endormi de la tête aux pieds

A. Une apparence de sommeil paisible

  • Présentation du soldat : “jeune, bouche ouverte, tête nue”
  • Utilisation de termes évoquant le repos : “dort”, “lit vert”
  • Répétition du verbe “dormir” (dort) à partir du deuxième quatrain
  • Progression de la description de la nature à celle du soldat

B. Des indices subtils susucitant l’inquiétude

  • Description de la pâleur du soldat
  • Comparaison à “un enfant malade”
  • Champ lexical du corps lié au soldat apparaît dans le deuxième quatrain
  • Progression dans la description du corps : de la tête aux pieds, à la narine, à la main, à la poitrine

C. Une position ambiguë

  • Description détaillée de la position du corps
  • Éléments suggérant une immobilité inhabituelle
  • D’abord désigné comme un soldat (vers 5) puis comparé à un enfant (vers 10)
  • Glaïeuls évoquant le glaive (arme), à mettre en lien avec le mot soldat
  • Polyptote : souriant / sourirait
  • Apostrophe et personnification : “Nature, berce-le chaudement”
  • Antithèse : chaudement / froid (vers 11)
  • Négation : “les parfums ne font pas frissonner sa narine” = doute sur son état

III. Brutalité de la chute

A. La révélation soudaine

  • Économie de mots dans la révélation finale : “deux trous rouges”
  • Impact émotionnel renforcé par le contraste avec la description précédente
  • Confirmation de la mort par les blessures fatales de balles

B. Transformation rétrospective des éléments du poème

  • Le sommeil devient mort
  • La nature accueillante se révèle être un linceul

C. Critique implicite de la guerre

  • La jeunesse du soldat soulignée pour accentuer le tragique
  • Dénonciation subtile de l’absurdité de la guerre

La progression habile du poème, de la description d’un paysage idyllique à celle d’un soldat apparemment endormi, puis à la brutale révélation de sa mort, témoigne de la capacité de Rimbaud à manipuler les attentes du lecteur. L’utilisation subtile des champs lexicaux, des figures de style et de la structure du sonnet contribue à créer une tension croissante, culminant dans la chute dévastatrice du dernier tercet. Cette technique permet à Rimbaud non seulement de surprendre le lecteur, mais aussi de délivrer un message puissant sur l’absurdité et la cruauté de la guerre.

“Le Dormeur du val” reste ainsi un chef-d’œuvre de la poésie française, illustrant la capacité de Rimbaud à transcender les formes classiques pour créer une œuvre profondément moderne et émouvante. Ce poème, écrit par un adolescent de 16 ans, démontre non seulement la précocité du génie de Rimbaud et son engagement politique fort.

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