« Bac + que dalle » : Nos idées pour les jeunes coincés dans leur recherche d’emploi
C’est à travers un article du Monde campus que nous nous sommes intéressés au webdoc « Bac + que dalle » (« que dalle » signifie en langage familier « rien »,afin de souligner l’absence d’intérêt d’un diplôme universitaire) réalisé par les fondateurs de l’ association Tandem, un parrain pour l’emploi. Il aborde, à travers 5 portraits, la difficulté pour les jeunes d’aujourd’hui à trouver un emploi dans leur domaine. Polyglotcoach, qui à côté des formations en langues, accompagne les élèves et les étudiants dans leur choix d’études puis de carrière, prépare les étudiants et les professionnels à la recherche d’emploi et accompagne les reconversions professionnelles, livre son avis sur ce que lui inspire le documentaire.
Ce que le webdoc dépeint : la galère des jeunes diplômés
Pour de nombreux jeunes diplômés à Bac +3, 4 ou plus, l’issue n’est pas celle de l’emploi tant rêvé mais celle du chômage, ou des emplois précaires, ou des stages qui peuvent être des emplois déguisés, ou une alternance entre ces différentes options qui n’en sont pas. La recherche d’emploi leur prend beaucoup de temps et d’énergie, et au bout d’un moment la réalité financière les rattrape : il sont contraints d’accepter des petits boulots éloignés de leur domaine pour vivre. Ils vivent donc de plein fouet la précarité, « la galère » en somme.
Les cinq jeunes en recherche d’emploi
Quelles filières sont en cause?
Les 5 jeunes du reportage (3 femmes, 2 hommes) sont diplômés du social, en architecture, en droit ou en réhabilitation du bâti, vivent tous en Bretagne et ont moins de 30 ans.
Réalité VS idéaux
Florilège de phrase entendues parmi ce qu’ils décrivent:
« je partais du principe que je voulais faire quelque chose qui me plaisait »
ce que je fais c’est « un job qui ne correspond pas du tout à ma formation »
« on n’a pas eu des gens à un moment donné qui nous on remis face à nos réalités »
les profs nous disaient qu »En Bretagne les métiers du social n’embauchent pas »
« on est mal orientés »
Les illusions qu’avaient ces jeunes avant de se confronter à la réalité du monde professionnel pourraient se résumer ainsi:
À un diplôme correspond automatiquement un emploi
Il est toujours possible de vivre de notre passion et il ne faut pas se focaliser sur la réalité du marché de l’emploi car on peut toujours trouver une solution
Les chargés d’orientation et les professeurs sont responsables d’orienter les étudiants
Une fois les étudiants lâchés dans le monde sans pitié du travail, Pôle Emploi est compétent pour les aiguiller
La réalité est qu’aucune des ces idées n’est plus vraie aujourd’hui!
Un diplôme ne garantit absolument pas un emploi, et comment le pourrait-il d’ailleurs : un diplôme est juste un papier, il n’atteste pas nécessairement de savoir-faire, de savoir-être, ni de compétences transverses ou de vos qualités ou vos aptitudes relationnelles. Le taux d’emploi des diplômés est certes meilleur que celui des personnes sans diplôme mais un diplôme ne signifie pas un emploi à la clé.
Par ailleurs, dans une réalité économique complexe, vivre de sa passion est souvent illusoire, quoique vous en disent les blogueurs ou les Youtubeurs ou les amateurs de psychologie positive. Il y a une réalité du marché de l’emploi, et elle est à portée de clic de tous : on ne fait pas d’études aujourd’hui sans se poser des questions :
1/ Suis-je prêt(e) à faire des études qui me plaisent moins mais avec lesquelles les débouchés sont meilleurs?
2/ Si c’est non, quelle sont les possibilités pour vivre de ma passion dans ma région?
3/ Si ces possibilités ne semblent pas concluantes d’après les statistiques officielles disponibles pour votre ville/région, êtes-vous prêt(e) à déménager pour trouver du travail, et si oui jusqu’où (région voisines, à la campagne, à Paris en tenant compte du coût de la vie, à l’étranger…)?
Ne pas se poser ces questions, c’est s’exposer au risque de rester sur le carreau une fois le diplôme en poche.
L’Etat, les conseillers d’orientation, les profs et Pôle Emploi : c’est très simple, personne n’est responsable de votre avenir A PART VOUS. Choisir de faire ou non des études, choisir d’intégrer des filières sans se renseigner sur les débouchés ou sans en tenir compte engage votre avenir, et votre responsabilité. C’est sûrement difficile à entendre, mais s’illusionner à penser qu’un quelconque organisme ou un individu aussi bien intentionné, informé et compétent soit-il est responsable de notre avenir, c’est une grave erreur. Pour avancer, il faut avoir ses propres clés en main, et se sentir responsable. Cela signifie que vous devez vous informer, actualiser vos connaissances, vérifier les statistiques, avoir un esprit critique sur les choix d’orientation que l’on vous propose et bien réaliser que C’EST VOUS qui subirez vos choix, et pas les personnes qui vous conseillent. C’est une grande responsabilité, mais en réfléchissant ainsi, vous serez dans un état d’esprit pour vous fier avant tout à VOUS MÊME.
Il faut être pragmatique : certains secteurs embauchent, d’autres quasiment pas. Vous pouvez trouver un emploi qui embauche peu mais pourquoi choisir une stratégie qui consiste à compter sur la chance? Une des mises au point les plus prépondérantes que nous faisons lors des sessions de méthodologie de la recherche d’emploi est que l’espoir n’est pas une stratégie. Il y a une réalité économique, l’ignorer et prier pour que cela fonctionne est très souvent un écueil.
Voici les secteurs qui recrutent en 2017 selon le site de recherche d’emploi RégionsJob:
Maximiser ses chances de trouver un emploi stable c’est miser sur les secteurs porteurs.
Regions Jobs précise que les métiers du social vont beaucoup embaucher d’ici à 2025, essentiellement dans le milieu associatif ( mais ça c’est la dure réalité des métiers du social):
Mais cela signifie qu’il faudra s’adapter et être flexible car les métiers ne seront pas nécessairement dans votre région.
Que faire si vous êtes dans le même cas que ces jeunes?
Une phrase marquante du webdoc est la suivante:
« Des choses doivent être mise en place pour qu’on ne soit pas oublié comme ça » dit l’une des jeunes femmes. C’est une idée qui revient plusieurs fois.
C’est vrai. Mais, si vous voulez des résultats concluants, c’est des choses que vous devez mettre en place.
Si vous êtes en recherche d’emploi et que cela ne fonctionne pas comme vous voudriez, il faut une réelle prise de conscience. Vous devez évoluer sur l’échelle des comportements depuis l’étape où vous ignorez ou méconnaissez le contexte économique et social ainsi que les débouchés de votre filière, vers l’étape où vous assumez votre vie, c’est-à-dire où vous vous sentez pleinement capable de faire des choix et de les assumer et où vous recherchez activement des solutions à votre situation et à vos données de départ, sans vous décourager.
Winston Churchill disait d’ailleurs que:
« Le succès c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme. »
Via simpleslide.com
Voici un résumé de conseils que nous donnons à celles et ceux que nous accompagnons vers l’emploi :
EN AMONT:
vous connaître vous-même, en évitant de vous laisser influencer (parents, conseillers d’orientation, profs…), vous demander ce que vous voudriez faire et ensuite voir si c’est compatible avec la réalité du monde du travail même s’il est vrai qu’anticiper les tendances jusqu’à 5 ans en avance n’est pas chose aisée, mais basez-vous sur les grandes tendances
si ce n’est pas le cas, faites un choix, et il faudra peut-être être pragmatique et faire de votre passion un hobby et non un emploi principal
vous informer systématiquement et méthodiquement, compiler et comparer les statistiques sur les secteurs qui embauchent, ne pas forcément se fier aux plaquettes de présentations des universités qui font leur publicité
si vous savez qu’un secteur est bouché et que vous décidez de vous y engager, réalisez bien que vous prenez un risque, et que vous devez commencer dès le début de vos études à établir une stratégie (créer des connexions,multiplier les contacts et les stages, envisager de partir à l’étranger, d’apprendre une autre langue ou d’obtenir un autre diplôme pour une compétence transversale utile) pour trouver ensuite un emploi : l’improvisation est hasardeuse et mène souvent chez Pôle Emploi (qui lui mène rarement au job dont vous rêvez).
UNE FOIS QUE VOUS ÊTES SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL
Préparation: préparez-vous à un marathon : dans la majorité des cas, chercher un travail est un emploi à plein temps car même dans des secteurs qui recrutent, la concurrence est féroce et la moyenne des candidatures à envoyer pour décrocher un emploi avoisine les 100. A multiplier par 3 ou 4 si vous pensez qu’il y a des risques que la consonance étrangère de votre patronyme vous ferme la porte de certains recruteurs indélicats.
CV et LM:les candidatures « bateau » diminuent vos chances: votre CV doit être irréprochable, (faites vous aider/corriger ou demandez au moins un avis critique à quelqu’un de compétent) et vos lettres de motivation ciblées. Une bonne lettre de motivation demande quasiment 1h de travail et est à personnaliser pour chaque offre.
Compétences VS diplôme: réfléchissez en termes de compétences et non uniquement de diplômes ; ce qui importe le plus pour un recruteur c’est ce que vous savez faire, ce que vous être prêt à apprendre et votre motivation à persévérer. Beaucoup d’employeurs préfèrent quelqu’un « qui en veut », à quelqu’un qui a un diplôme
Organisation : fixez vous des objectifs quotidiens d’envoi de candidatures et de relances
Stratégie:fixez une limite à votre recherche d’emploi : 6 mois, c’est raisonnable, au-delà, changez de stratégie
Proactivité et remise en question :réagissez vite, n’attendez pas plus de 6 mois avant de questionner votre recherche d’emploi. Demandez un avis extérieur, échangez avec des professionnels
Soyez prêt à vous former :en évaluant vos compétences et en les comparant à ce qui est demandé sur le marché du travail, vous serez probablement amené(e) à reprendre 1 année d’études, ou à faire une formation complémentaire, ou à passer un examen pour attester de votre niveau en langues par exemple
Vous n’êtes pas un arbre!Soyez prêt à partir pour trouver l’emploi qui vous correspond, ailleurs, car c’est aussi ça la réalité de l’emploi, et ce qui peut être perçu comme un sacrifice peut devenir une fantastique opportunité.
Conclusion
Il n’y a pas de fatalité dans la recherche d’emploi : il y a une réalité économique dont vous devez pleinement prendre conscience pour faire de bons choix.
Diplôme ne signifie pas emploi à la clé, et peu nombreux sont ceux qui vivent de leur passion. Une passion est pour la plupart des gens un hobby. Apprenez à vous connaitre, listez ce qui vous plaît et dans quoi vous vous verriez travailler, et comparez avec la réalité du marche de l’emploi. C’est une bonne manière de choisir son métier.
Réfléchissez en termes de ce que vous savez faire (compétences).
La réalité du marché de l’emploi est dure, c’est un fait indéniable. Cependant, c’est une double peine pour beaucoup de ceux qui ont du mal à trouver un emploi car ils ont en plus une mauvaise stratégie de recherche voir pas de stratégie du tout. Or la recherche d’emploi est un vrai marathon, qui va vous demander d’être stratège, organisé, efficace, et va consommer beaucoup de votre énergie. Soyez prêt et ne comptez pas sur les autres, les autres sont un « bonus », ne misez pas sur d’autres à part vous-même
Adaptez votre stratégie : formez-vous, soyez prêt à déménager, soyez créatif dans la manière de rechercher et de solliciter un emploi, trouvez des manières de vous démarquer.
Enfin, être créatif et se sentir responsable de sa vie signifie, dans la recherche d’emploi, être en perpétuelle recherche de solutions : vous ne trouvez pas d’emploi?
Postez votre recherche d’emploi sur Twitter, Facebook, démarchez les responsables sur LinkedIn, faites le buzz
Ecrivez à des entreprises que vous connaissez ou dont vous aimez les produits pour leur proposer des solutions à leurs problèmes, des idées d’améliorations de leurs produits ou services…De nombreuses personnes qui ont décroché un emploi dont ils rêvaient et que nous avons accompagnées ont procédé de cette façon avec succès
Soyez hyper-actif : créez un site web, proposez-y vos idées, créez des produits que vous vendrez, créez-vous un statut d’auto-entrepreneur et faites des missions (certaines plateformes comme Upwork permettent d’effectuer des travaux comme free lance, Popmyday permet de travailler dans la beauté et le bien-être comme indépendant, rejoignez Uber…). En somme, accumulez de l’expérience jusqu’à ce que vous reteniez l’attention d’un recruteur par votre persévérance, ou que vous rencontriez le bon contact, et développez des compétences transverses
Copie écran : des free lance proposant des travaux de rédaction sur Upwork
Ecrivez un e-book, ou un livre, créez une chaîne Youtube et parlez d’un sujet sur lequel vous avez des choses à dire (de votre recherche d’emploi par exemple!) ou d’une manière intéressante pour le public. Parlez de vous, faites parler de vous
Nouez des contacts. Dans plusieurs villes de France il existe un réseau d’aide à la recherche d’emploi qui est gratuit ( Activ’Action) par exemple, destiné à tirer profit de l’expérience du chômage car oui, c’est possible, et si vous en des remises en question, ça peut même être un formidable tremplin.
Et enfin, si vous êtes déboussolé et ne savez pas dans quelle direction aller, prenez rendez-vous auprès de spécialistes en accompagnement à la recherche d’emploi: leur avis extérieur, leur esprit critique et leurs idées peut-être différentes des vôtres peuvent vous donner un déclic précieux. En général, quelques semaines de coaching suffisent à vous donner une méthodologie, des pistes et à retrouver le moral pour avancer.
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