Le Bac de français approche et vous vous demandez comment aborder Le Menteur de Corneille ? Cette comédie classique du XVIIe siècle, au programme du Bac et s’inscrivant dans le parcours “mensonge et comédie” est un véritable concentré d’intrigues, de mensonges et de réflexions sur la société. Pour vous aider à décrypter cette œuvre incontournable et à réussir votre examen, nous vous proposons un guide complet de l’oeuvre et des explications détaillées sur ce qu’est le parcours “mensonge et comédie”.

Mensonge et comédie dans Le menteur de Corneille
Le Menteur de Corneille, décryptage du parcours “mensonge et comédie”
A) Le menteur : Présentation de l’œuvre et de l’auteur
Brève biographie de Pierre Corneille
Pierre Corneille, né à Rouen en 1606 et mort à Paris en 1684, est un dramaturge et poète français du XVIIe siècle, considéré comme l’un des plus grands auteurs classiques. Il a marqué son époque avec des tragédies telles que Le Cid, Horace ou Cinna, mais aussi avec des comédies comme Le Menteur.
Contexte historique et culturel de la pièce
Le Menteur a été écrite en 1644, dans une période où le théâtre connaît un essor important. La pièce s’inscrit dans un contexte de classicisme, mais avec des influences baroques. Elle témoigne des préoccupations de la société de l’époque, notamment autour des notions de vérité, de mensonge et d’apparence.
La naissance du théâtre classique
La naissance des règles du théâtre classique
Entre 1630 et 1660, les règles du théâtre classique se sont progressivement mises en place. Des théoriciens comme Chapelain, Mairet, La Mesnardière et d’Aubignac, ainsi que des auteurs comme Corneille, ont réfléchi sur la façon d’écrire et de mettre en scène les pièces de théâtre.
Ces règles sont nées de leur expérience de la scène et de l’observation des pièces de leurs contemporains. Elles ont été codifiées et ont servi de référence pour l’écriture et la mise en scène des pièces de théâtre.
L’âge d’or du théâtre français
Les années 1630-1640 sont une période faste pour le théâtre français, notamment grâce au soutien du Cardinal Richelieu. Passionné de théâtre, il encourage les jeunes auteurs et n’hésite pas à écrire lui-même, en collaborant avec des auteurs expérimentés comme Chapelain ou Corneille.
La place de Corneille au sein du théâtre classique français
La position de Corneille dans l’histoire du théâtre classique français est particulière.
Alors que les “doctes” établissaient des règles rigides, Corneille, dès ses débuts avec Mélite en 1630, apparaît comme un esprit libre, n’hésitant pas à remettre en question ces normes.
Malgré les critiques, il persiste dans sa démarche, reconnaissant l’importance des règles tout en soulignant leurs limites. Son œuvre théorique, notamment les Trois Discours (1660), témoigne de cette réflexion. Il y aborde les problèmes de la scène et propose des solutions nouvelles, offrant une analyse critique de son propre théâtre.
Corneille, contrairement à Molière et Racine, a donc théorisé son art. Molière, plus pragmatique, résolvait les difficultés sur scène et ironisait sur les théoriciens. Racine, quant à lui, a bénéficié des bases posées par Corneille et n’a pas éprouvé le besoin de théoriser son travail.
En résumé, Corneille est un précurseur qui a non seulement créé des œuvres théâtrales marquantes, mais a aussi contribué à définir les règles du théâtre classique, tout en conservant une liberté créative.
Les 6 éléments essentiels d’une pièce de théâtre classique
Comme Aristote, les théoriciens classiques distinguent 6 éléments importants dans une pièce de théâtre :
- L’histoire (ou sujet) : Ce qui se passe dans la pièce, le déroulement des événements.
- Les personnages (ou mœurs) : Qui sont les personnages, leurs traits de caractère, leurs motivations.
- Les sentiments : Les émotions et les passions exprimées par les personnages.
- Le langage (ou diction) : La manière dont les personnages parlent, le style d’écriture.
- La musique (ou chant) : Les parties chantées de la pièce (plus présentes dans l’Antiquité).
- Les décors : L’environnement visuel dans lequel se déroule la pièce.
Ces 6 éléments sont présents dans toutes les parties de la pièce, qu’il s’agisse de l’exposition (le début), du nœud (le milieu) ou du dénouement (la fin).
En résumé : une pièce de théâtre classique est composée de ces 6 éléments, qui se retrouvent dans son déroulement et permettent de raconter une histoire.
Résumé de l’intrigue
Dorante, jeune homme de bonne famille qui rentre à Paris après avoir étudié à Poitiers, est un menteur invétéré. Son valet, Cliton, essaie de lui faire voir que le mensonge n’est pas une bonne chose, mais Dorante s’en moque.
Ses mensonges le mènent dans des situations complexes et amusantes, notamment avec Clarice et Lucrèce, deux femmes qu’il confond. Il croit aimer Lucrèce mais en fait il s’agit de Clarice et ce quiproquo mène à nombre de situations plus compliquées les unes que les autres. La pièce explore les thèmes du mensonge, de l’amour, de la société et du théâtre lui-même.
B) Analyse des thèmes principaux
Le mensonge et la vérité
Le mensonge est au cœur de la pièce. Dorante ment par vanité, pour se faire valoir, mais ses mensonges finissent par se retourner contre lui. Cependant, il retombe toujours sur ses pattes et à la fin de la pièce, il s’en sort malgré tout ! Il n’apprend donc pas la leçon selon laquelle mentir c’est mal, bien au contraire.
La pièce interroge la nature de la vérité et la difficulté à la distinguer du mensonge.
La comédie et ses enjeux
Le Menteur est une comédie qui mêle divertissement et réflexion. Elle met en scène des personnages hauts en couleur, des situations comiques et des dialogues brillants. Mais elle aborde aussi des questions sérieuses sur la société, les relations humaines et la morale.
La société du XVIIe siècle
La pièce offre un regard critique sur la société du XVIIe siècle, ses conventions, ses valeurs et ses travers. Elle met en scène des personnages représentatifs de cette société, comme les nobles, les bourgeois et les valets.
Les personnages et leurs motivations
Chaque personnage a ses propres motivations : Dorante cherche à se faire aimer et admirer, Clarice et Lucrèce veulent trouver l’amour, Géronte veut marier son fils, etc. Leurs interactions créent des situations comiques et révèlent les complexités des relations humaines.
C) Procédés littéraires dans Le menteur
Le style d’écriture de Corneille
Corneille utilise un style simple vif et précis : “Il faut que la tirade apparaisse comme une parole dictée par l’émotion et non comme un morceau de bravoure, que les personnages parlent le plus simplement possible“(M-C Hubert, Les grandes théories du théâtre). Priorité à l’action !
Il y a relativement peu de monologues dans la pièces, ce qui fait qu’elle est rythmée.
Les dialogues sont riches en vocabulaire et en figures de style. Le texte est en prose rimée.
La construction de la pièce
Le Menteur est une pièce en cinq actes, selon les règles du théâtre classique.
L’intrigue est complexe, avec de nombreux rebondissements et quiproquos. La tension dramatique est maintenue jusqu’au dénouement.
Il y a peu d’apartés, pour lesquels Corneille a une aversion.
Ce sont Dorante et Cliton qui s’expriment le plus dans la pièce.
Les figures de style
Corneille utilise de nombreuses figures de style dans les dialogues : métaphores, comparaisons, antithèses, etc. Ces figures de style contribuent à l’esthétique baroque de la pièce.
Le vocabulaire et le registre de langue
Le vocabulaire est varié et recherché. Le registre de langue est soutenu, mais peut aussi être familier dans les scènes comiques. Corneille maîtrise l’art de l’alexandrin, vers de douze syllabes typiques du théâtre classique.
D) Le parcours “mensonge et comédie”
Définition du parcours et des enjeux
Le parcours “Mensonge et comédie” invite à réfléchir sur les liens entre ces deux notions.
Comment le mensonge est-il utilisé dans la comédie ? Quels sont les enjeux de cette association ?
Le parcours associé permet d’étudier d’autres œuvres et auteurs qui abordent ces thèmes comme par exemple Les fausses confidences de Marivaux.
➡️ Dans Le menteur, le mensonge comme thème
Oh ! L’utile secret que mentir à propos !
Dorante, Acte II scène 7
Dorante ne fait que mentir ou presque, même quand il dit la vérité sur ses sentiments, plus personne ne le croit. En réaction à ses fourberies, Clarice se lance également dans la manipulation lorsqu’elle commence par lui donner rendez-vous avec Lucrèce, puis se cache pour lui parler elle-même (scène 5 de l’acte III).
Le quiproquo culmine dans la scène 6 de l’acte V, lorsque Dorante se retrouve face aux deux femmes qu’il confond. Mais au lieu d’avouer sa confusion lorsqu’il comprend le quiproquo, il décide de continuer à mener tout le monde en bateau et décide d’épouser la vraie Lucrèce (pas celle qu’il appelait Lucrèce mais qui était en réalité Clarisse).
Il se venge ainsi du tour que les femmes lui ont joué à la fenêtre…et cela lui permet de cacher ses propres erreurs et fourberies. Le menteur s’en sort donc sans une égratignure !

Le mensonge est donc le thème clé de l’oeuvre. La comédie est, elle, basée sur un quiproquo dont Dorante ne sort finalement qu’avec encore plus de mensonges et non en disant la vérité.
C’est un pied de nez à l’exigence morale de sincérité et de vérité.
Pourquoi mentir, c’est mal ?
⚠️ L’idée principale est que la communication entre les êtres humains est possible parce qu’on suppose que les autres sont sincères ⚠️
Imaginez un contrat de confiance tacite : chacun s’engage à dire la vérité. Sans cette base de confiance, nos conversations et nos relations seraient impossibles.
En résumé :
- La communication repose sur la sincérité.
- On fait confiance aux autres par défaut.
- Sans cette confiance, il n’y aurait pas de communication possible.
C’est comme un jeu de cartes : si chacun triche, le jeu ne fonctionne plus ! (sauf dans des jeux très particuliers basés sur le mensonge).
⚠ Mentir, c’est tromper exprès. Se tromper, c’est tromper sans le faire exprès ⚠
De plus, il y a différents niveaux de mensonge. La flatterie est un premier niveau de mensonge par exemple, le mensonge par omission est un niveau supérieur de mensonge, et l’invention fallacieuse est le niveau ultime du mensonge. C’est celui où se situe la plupart du temps Dorante : il invente complètement en fonction de ses objectifs.

➡️ Le personnage qui ment : héros ou anti-héros ?
Dorant trouve des justifications à ses mensonges, il s’en félicite même. Est-ce que son adresse dans le mensonge fait de lui un héros ?
➡️ Le mensonge comme procédé dramaturgique
Le public de l’époque classique recherche une action vraisemblable quand il regarde une pièce de théâtre. Corneille s’oppose au merveilleux, par exemple, au Deus ex machina qui vient résoudre l’intrigue à la fin de la pièce.
Vraisemblance ordinaire et vraisemblance extraordinaire
La vraisemblance ordinaire, c’est respecter dans l’intrigue les situations réelles et probables qui peuvent arriver dans la vie de tous les jours. La vraisemblance extraordinaire en revanche, permet d’aller plus loin que la réalité et d’envisager des situations rares, pratiquement impossibles, mais qui peuvent survenir !
Corneille et la vraisemblance extraordinaire
Corneille est partisan du “mentir vrai“, il est en faveur du “vraisemblable extraordinaire“.
Le théâtre et le mensonge sont intimement liés. Le vrai ne donne pas matière à faire du théâtre, ce n’est pas beau et il y a tant de choses vraies qu’on ne peut pas montrer !
Au théâtre, tout est fiction, et la fiction n’est pas la réalité.
⚠ Le spectateur ou le lecteur doit faire un effort d’imagination pour accepter l’histoire racontée. Il doit croire à ce monde inventé où les personnages agissent et parlent de manière crédible, même si ce qu’ils font n’est pas réel.⚠
Le théâtre lui-même est-il mensonge ?
Cette pièce nous donne matière à réfléchir sur tous ces points.
Préparer le Bac de français
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2 réflexions sur “Mensonge et comédie dans Le menteur de Corneille – Réussir le Bac de français”