Rimbaud, analyse linéaire du poème Ophélie – Cahier de Douai

Découvrez l’analyse linéaire du poème “Ophélie” d’Arthur Rimbaud, extrait des Cahiers de Douai. Ce chef-d’œuvre de la poésie française du 19e siècle, écrit en 1870, s’inspire du personnage tragique de Shakespeare pour créer une œuvre d’une beauté saisissante. Rimbaud transforme Ophélie en un symbole poétique, mêlant nature, folie et mort dans un tableau lyrique d’une grande puissance évocatrice.

Notre analyse détaillée vous guidera à travers les subtilités de ce poème, révélant comment le jeune prodige de 16 ans réinvente la figure d’Ophélie et pose les jalons de sa future révolution poétique. Plongez dans l’univers envoûtant de Rimbaud et découvrez pourquoi “Ophélie” reste l’un des poèmes les plus étudiés et admirés de la littérature française.

Rimbaud, analyse linéaire du poème Ophélie – Cahier de Douai

Ophélie

Arthur Rimbaud

I

Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles…
– On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir;
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.

Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s’inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés soupirent autour d’elle;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d’où s’échappe un petit frisson d’aile :
– Un chant mystérieux tombe des astres d’or.

II

Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté!
– C’est que les vents tombant des grands monts de Norwège
T’avaient parlé tout bas de l’âpre liberté;

C’est qu’un souffle, tordant ta grande chevelure,
A ton esprit rêveur portait d’étranges bruits;
Que ton cœur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l’arbre et les soupirs des nuits;

C’est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d’enfant, trop humain et trop doux ;
C’est qu’un matin d’avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s’assit muet à tes genoux !

Ciel! Amour! Liberté! Quel rêve, ô pauvre folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
– Et l’infini terrible effara ton oeil bleu !

III

– Et le poète dit qu’aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis,
Et qu’il a vu sur l’eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.

Arthur Rimbaud, Cahier de Douai

Analyse linéaire du poème “Ophélie”

☞Contexte

Rimbaud reprend ce personnage tragique (une jeune femme qui sombre dans la folie et se noie) pour créer sa propre interprétation poétique.

Ophelia, John Everett Millais (wikipedia)
Ophelia, John Everett Millais (wikipedia)
  • Rimbaud s’inspire notamment de la scène de la noyade d’Ophélie dans Hamlet, reprenant certains éléments comme la personnification de la nature et l’image de la jeune femme flottant dans l’eau. 
  • Cependant, il transforme cette figure shakespearienne en un symbole plus universel de la beauté tragique, de la folie et de la puissance de la nature.
  • Rimbaud utilise également ce personnage comme un double poétique, s’identifiant à Ophélie à travers des effets de miroir et d’écho dans le poème.
analyse linéaire ophélie rimbaud

☞”Ophélie”: quelques observations du poème

Avant de rentrer dans les détails du poème, nous pouvons déjà observer visuellement ceci :

☞Lecture et analyse du poème “Ophélie”

Intéressons-nous à la première partie du poème.

Nous allons mettre en évidence les champs lexicaux :

  • en jaune : le champ lexical des couleurs
  • en vert : le champ lexical de la nature
  • en orange : le champ lexical des bruits
  • en bleu : le champ lexical du mouvement

I

Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles…
– On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir;
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.

Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s’inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés soupirent autour d’elle;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d’où s’échappe un petit frisson d’aile :
Un chant mystérieux tombe des astres d’or.

Que peut-on analyser ici ?

  • Cette première partie du poème “Ophélie” est descriptive : elle nous présente un décor naturel, de nuit (“noir”, “dorment”…), un décor aquatique près d’un bois, où se trouve un personnage.
  • La nature est active : les étoiles dorment, le vent baise les seins de la femme et déploie les voiles (les vêtements qu’elle porte), les eaux bercent, les saules frissonnent et pleurent, les roseaux s’inclinent, les nénuphars soupirent…
  • La description est liquide, douce, marquée par la présence de l’eau (voir l’allitération en [ l ] : La blanche Ophélia flotte comme un grand lys / Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles…)
  • Le personnage est d’abord introduit comme étant “la blanche Ophélia”. l’usage de l’article défini “la” suppose que cette femme est connue.
  • Ophélia est présentée comme “flottant” sur l’eau et comparée à un grand lys. Elle pourrait être en train de nager (“Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles…”). Le début du poème est ambigu et rappelle le poème “Le dormeur du val“, du même recueil, où le personnage est également introduit de prime abord comme étant couché sur l’herbe.
  • L’eau est un lit pour Ophélie, elle la berce et la protège.
  • La description mêle couleurs, sons et mouvements doux (“calme”, “très lentement”, “bercés mollement”…). Seule Ophélia ne fait que flotter (répétition du verbe “flotte” vers 2 et 3). Il y a un contraste entre la nature qui s’active doucement (c’est probablement la tombée de la nuit, les hallalis de la chasse commencent), et Ophélia qui est presque statique.
  • La premier quatrain se finit sur le son des hallalis : c’est la fin de la chasse, la bête se meurt. C’est une première référence à la mort.
  • Le deuxième quatrain, démarrant sur une temporalité supposant un point de vue omniscient (voici plus de mille ans) nous en dévoile davantage sur Ophélia : elle est un fantôme qui flotte sur l’eau amenant un aspect surnaturel à la description. Sa description est empreinte de douceur (“Voici plus de mille ans que sa douce folie / Murmure sa romance à la brise du soir”), de folie et de tristesse.
  • Il y a un contraste fort entre la jeune femme blanche (symbole de pureté et d’innocence) et la nuit noire, entre sa mort et les mouvements évoquant la vie tout autour.
  • Les répétitions des adjectifs “grand” et “long” couplés à l’adjectif “lointains” (v.4) ainsi qu’à la mention du ciel et de l’espace (les étoiles vers 1 et les astres vers 16) donnent une impression d’infini.

Intéressons-nous à la deuxième partie du poème.

Le champ lexical de la nature est toujours omniprésent (en vert)

Il est couplé à celui de l’étrangeté et de la douleur (en violet) qui n’était pas présent dans la première partie.

Nous remarquons aussi une anaphore en “c’est que” qui introduit l’explication : ce passage est dédié aux circonstances de la mort d’Ophélie : la folie, la rêverie, l’appel de l’infini, la liberté.

II

Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté!
C’est que les vents tombant des grands monts de Norwège
T’avaient parlé tout bas de l’âpre liberté;

C’est qu’un souffle, tordant ta grande chevelure,
A ton esprit rêveur portait d’étranges bruits;
Que ton cœur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l’arbre et les soupirs des nuits;

C’est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d’enfant, trop humain et trop doux ;
C’est qu’un matin d’avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s’assit muet à tes genoux !

Ciel! Amour! Liberté! Quel rêve, ô pauvre folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
– Et l’infini terrible effara ton oeil bleu !

Que peut-on analyser ici ?

  • C’est un passage où les exclamations sont très présentes (vers 17, 18, 28, 29 et 32). Les émotions du poète face à ce tableau tragique sont montrées.
  • Le passage commence par une apostrophe du poète à Ophélie (Ô pâle Ophélia !) qui est comparée à la neige (toujours filant la métaphore de l’innocence)
  • Le passage est axée sur une longue explication des causes de la mort selon le poète, explication appuyée par l’anaphore en “c’est que”
  • Le quatrain commençant par “C’est qu’un souffle” appuie la métaphore de la folie : Ophélie a été emportée parce que des voix lui parlaient (un souffle qui portait d’étranges bruits, la voix des mers folles”…).
  • “La voix des mers folles” : la figure de style est une hypallage. L’hypallage est une figure de style qui consiste à attribuer à un mot ce qui convient logiquement à un autre mot de la même phrase. Dans ce cas, l’adjectif “folles” est accolé aux “mers” alors qu’il se rapporte en réalité à Ophélie. Cette figure crée un effet poétique en transférant la folie d’Ophélie à son environnement, renforçant ainsi l’atmosphère troublée et tragique du poème.
  • C’est la “voix des mers folles” qui a “brisé” Ophélie : les éléments de la nature sont personnifiés et acteurs de la mort d’Ophélie, ils l’ont entraînée vers l’au-delà. C’est une allusion possible aux voix des sirènes qui ont entraîné la mort des marins dans l’Odyssée d’Homère.
 l'Odyssée d'Homère (vers 780-720 av. J.-C.)13. Dans ce récit épique, les sirènes sont décrites comme des créatures vivant près du détroit de Messine en Sicile, qui séduisaient les navigateurs par leur chant mélodieux et leur musique envoûtante
L’Odyssée d’Homère (vers 780-720 av. J.-C.) Dans ce récit épique, les sirènes sont décrites comme des créatures vivant près du détroit de Messine en Sicile, qui séduisaient les navigateurs par leur chant mélodieux et leur musique envoûtante
  • “Brisait ton sein d’enfant, trop humain et trop doux” : on peut identifier une figure de style appelée épithète homérique, qui consiste à utiliser des adjectifs qualificatifs pour caractériser de manière emphatique un nom. Ici, les adjectifs “humain” et “doux” sont utilisés pour décrire le “sein d’enfant” d’Ophélia, soulignant sa fragilité et son innocence. La répétition de l’adverbe “trop” renforce cette caractérisation, mettant en évidence la vulnérabilité du personnage face à la violence du monde extérieur.
  • Le champ lexical de la folie devient très présent, le passage donne l’impression d’une vision hallucinée, étrange : “esprit rêveur”, “étranges bruits”, “les mers folles”, “un pauvre fou”, “pauvre folle”, “tes grandes visions”, s’achevant sur l’étranglement et l’oeil bleu symbolisant la mort.
  • Ophélia a entendu des voix, celles de la nature personnifiée, l’emportant vers la liberté (la libération des contraintes terrestres). Ophélia est fragile face à une nature puissante, rugissante, qui l’entraîne vers la mort.

Intéressons-nous enfin à la troisième et dernière partie du poème.

– Et le poète dit qu’aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis,
Et qu’il a vu sur l’eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.

  • Ici, le poète est mentionné dans la description. Il est désigné par la 3e personne du singulier (“il”, le poète).

Il parle (“dit”), il voit (“il a vu) il s’adresse à quelqu’un (pronom personnel “tu”).

  • Le poème a fait un tour : nous revenons à la description du départ : avec une répétition de la comparaison “Ophélia flotte comme un grand lys” et de “couchée en ses longs voiles”.
  • Nous avons l’impression d’avoir fait un voyage dans un tableau : nous l’avons peu à peu découvert, nous sommes retournés en arrière comprendre ce qui a entraîné Ophélia vers la mort, puis nous sommes revenus à notre place de spectateurs de ce tableau étrange et troublant.

À partir de ces éléments, nous allons proposer une problématique.

Problématique

Nous pouvons proposer la problématique suivante pour étudier le poème Ophélie :

“Ophélie” : proposition de plan détaillé

Le plan progresse de manière linéaire, comme c’est demandé dans l’analyse linéaire pour l’oral du Bac.

I. La métamorphose d’Ophélie

A. Un cadre naturel sublimé

Rimbaud transforme le cadre naturel en un décor poétique saisissant, créant une atmosphère à la fois sereine et mystérieuse. Le poète utilise des images évocatrices pour peindre ce tableau : “Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles”. Cette métaphore personnifie l’eau et les étoiles, insufflant une vie silencieuse à la nature. L’allitération en “l” (liquide) dans ce vers renforce la sensation de calme et de fluidité.

La nature elle-même semble compatir au sort d’Ophélie : “Les saules frissonnants pleurent sur son épaule”. Cette personnification des saules crée un lien émotionnel entre le paysage et le personnage, amplifiant le pathos de la scène. Rimbaud parvient ainsi à transcender le simple décor pour en faire un acteur à part entière du drame qui se joue.

B. Ophélie, figure symbolique réinventée

Rimbaud s’éloigne considérablement du personnage shakespearien pour créer une figure nouvelle, plus symbolique et poétique. Il compare Ophélie à “un grand lys”, évoquant sa pureté et sa fragilité. Cette image florale transforme Ophélie en un être presque végétal, amorçant sa fusion avec la nature environnante.

Le poète développe cette métaphore filée tout au long du poème, décrivant l’effacement progressif d’Ophélie dans le paysage. Elle devient “fantôme blanc”, une présence éthérée qui se fond dans son environnement. Cette fusion avec la nature est renforcée par des images comme “son grand voile bercé mollement par les eaux”, où le voile d’Ophélie se confond avec les mouvements de l’eau.

Rimbaud transforme ainsi Ophélie en une figure ambivalente, à la fois présente et absente, humaine et naturelle. Elle incarne désormais non plus simplement une tragédie personnelle, mais une forme de communion mystique entre l’humain et la nature, entre la vie et la mort. Cette réinvention du personnage permet à Rimbaud d’explorer des thèmes plus vastes, faisant d’Ophélie un symbole de la création poétique elle-même.

II. L’ambiguïté de la nature

La Nature entraîne Ophélie vers la folie puis la liberté rendue possible par la mort.

A. Une nature puissante et omniprésente

Dans la deuxième partie du poème, la nature prend une dimension presque surnaturelle, devenant une présence active et influente. Rimbaud la personnifie, lui donnant une volonté propre qui agit sur Ophélie.

“C’est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d’enfant, trop humain et trop doux ;”

Ces vers illustrent comment la nature, incarnée par la mer, exerce une influence dévastatrice sur Ophélie. L’hypallage “mers folles” transfère la folie d’Ophélie à son environnement, soulignant le lien intime entre l’état mental du personnage et les éléments naturels qui l’entourent.

La nature devient ainsi une force qui murmure à l’oreille d’Ophélie, l’entraînant progressivement dans la folie. Cette influence est renforcée par des images auditives puissantes comme “immense râle”, qui évoquent à la fois la violence de la nature et le dernier souffle d’Ophélie.

B. La nature, écrin et linceul

Elle est à la fois une force qui entraîne Ophélie vers la folie et la mort, mais aussi un vecteur de libération et de transcendance. La nature est écrin protecteur dans la partie 1 du poème, elle devient le linceul d’Ophélie dans cette deuxième partie, déclenchant les émotions puissantes du poète (c’est donc une source d’inspiration poétique pour Rimbaud).

L’ambiguïté de la nature se manifeste dans son double rôle d’écrin protecteur et de linceul funèbre. Dans la première partie du poème, la nature semble accueillir Ophélie avec douceur :

“Les grands saules émus pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s’inclinent les roseaux.”

La nature paraîssait de prime abord compatissante, presque maternelle dans sa façon d’envelopper Ophélie.

Cependant, dans la deuxième partie, cette même nature devient le linceul d’Ophélie, l’accompagnant dans sa descente vers la mort :

“Un chant mystérieux tombe des astres d’or.”

Ce vers suggère que la nature, représentée par les étoiles, chante un requiem pour Ophélie, transformant son environnement en un vaste tombeau céleste.

Cette dualité de la nature déclenche chez le poète des émotions puissantes, faisant d’elle une source d’inspiration poétique pour Rimbaud. La beauté tragique d’Ophélie se fondant dans la nature devient un catalyseur pour l’imagination du poète, lui permettant d’explorer les thèmes de la vie, de la mort et de la transcendance.

Ainsi, la nature dans “Ophélie” n’est pas un simple décor, mais un acteur à part entière du drame qui se joue, reflétant et amplifiant les états émotionnels du personnage et du poète lui-même. Son ambiguïté fondamentale – à la fois protectrice et destructrice, source de vie et de mort – en fait un puissant vecteur de la réflexion poétique et existentielle de Rimbaud.

III. Entre destruction et création : l’émergence d’une poétique nouvelle

A. Ambiguïté entre beauté et destruction

Rimbaud crée une tension poétique saisissante en mêlant habilement les opposés dans son poème “Ophélie”. Cette ambiguïté est au cœur de sa démarche poétique, lui permettant d’explorer les frontières entre la beauté et la destruction, la vie et la mort.

L’oxymore “la blanche Ophélia” flottant sur “le long fleuve noir” illustre parfaitement cette tension. La blancheur d’Ophélie, symbole de pureté et d’innocence, contraste violemment avec la noirceur du fleuve, évocatrice de la mort et du néant. Cette image paradoxale souligne la fragilité de la beauté face aux forces destructrices de la nature.

Rimbaud renforce cette ambiguïté par l’utilisation d’antithèses frappantes. L’exclamation “Ciel! Amour! Liberté!” s’oppose brutalement à la description d’Hamlet comme “un pauvre fou”. Cette juxtaposition met en lumière le décalage entre les aspirations idéalistes d’Ophélie et la réalité cruelle de son destin, incarnée par la folie.

B. La mort : source d’inspiration et de beauté pour le poète

Rimbaud transforme la mort d’Ophélie en une source d’inspiration poétique et de beauté transcendante. Le poète joue un rôle crucial dans cette métamorphose, transfigurant la réalité tragique en un mythe éternel.

La description d’Ophélie comme un “fantôme blanc” qui murmure sa ballade à la brise du soir depuis plus de mille ans illustre cette immortalisation. Rimbaud arrache Ophélie à son contexte historique pour en faire une figure intemporelle, symbole de la beauté tragique et de l’inspiration poétique.

Le poète devient ainsi le médiateur entre le monde réel et le domaine de l’imaginaire. Il transmute la mort physique d’Ophélie en une présence éthérée et éternelle, “Un chant mystérieux tombant des astres d’or”. Cette transformation alchimique du réel en poésie est au cœur de la démarche de Rimbaud.

Conclusion

En conclusion, Rimbaud utilise l’ambiguïté et les contrastes pour créer une poétique nouvelle, où la destruction devient source de création. La mort d’Ophélie, loin d’être une fin, devient le point de départ d’une réflexion profonde sur la nature de la beauté et le pouvoir transformateur de l’art. Le poème “Ophélie” de Rimbaud peut être mis en lien avec la conception baudelairienne de la transformation de la boue en or : comme Baudelaire qui cherchait à “extraire la beauté du Mal”, Rimbaud transforme la mort tragique d’Ophélie en une vision poétique sublime. Il transmute la réalité sordide (la noyade) en une image de beauté éthérée.

Voilà, vous savez tout sur le poème “Ophélie” de Rimbaud. Si vous avez des questions, écrivez-nous en commentaires.

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