L’Amant est une oeuvre phare de la littérature française. Certains d’entre vous la présentent comme oeuvre choisie à l’oral du bac de français, alors voici un topo sur ce que vous pouvez en dire et ce qu’il peut être intéressant de préparer en vue de répondre aux questions de l’examinateur.

Oeuvre choisie – Oral du bac de français : que dire sur L’amant de Marguerite Duras?
À l’oral du bac de français, vous aurez 2 à 3 minutes pour présenter l’oeuvre que vous avez choisie et donner des arguments pour appuyer votre choix. Soyez précis(e), notez 2 ou 3 citations. Préparez aussi les questions possibles de l’examinateur. Si vous avez le temps, regardez le film d’Annaud pour vous imprégner de l’ambiance de la Cochinchine de l’époque.
3 raisons possibles de choisir l’oeuvre
- elle relate une époque particulière dans un lieu exotique
- c’est l’histoire d’une adolescente qui découvre la vie (elle prend ses distances avec sa famille, découvre l’amour, s’émancipe)
- la simplicité / beauté de l’écriture durassienne (= de Marguerite Duras)
N’hésitez pas à ajouter les vôtres, c’est important de personnaliser votre réponse !
Pour préparer ou améliorer votre présentation de l’oeuvre
L’auteure
Marguerite Duras (de son vrai nom Marguerite Donnadieu) est née en 1914 en Cochinchine française et y a vécu avec sa famille jusque dans les années 1930.
Le lieu et l’époque
La Cochinchine correspond à l’actuel sud du Vietnam.
Sa capitale est Saïgon.
Dans les années 1860, la France prend possession de la région sous prétexte de porter secours aux missionnaires catholiques persécutés. En réalité, il s’agit de prendre possession d’une région stratégique où les Anglais font du commerce avec la Chine.
La Cochinchine sera ensuite intégrée à l’Indochine française.

GÉNÉRALITÉS
L’oeuvre a été publiée en 1984. Elle a valu à l’auteure le prix Goncourt (un prix littéraire très prestigieux).
RÉSUMÉ
L’amant est l’histoire d’une famille française installée en Cochinchine dans les années 1920. La mère est veuve, elle a 3 enfants (dont la protagoniste principale, que l’auteure appelle « l’enfant ») et est directrice d’école. La mère est une originale, un peu dépressive, qui alterne entre des moments d’enthousiasme et des moments où elle n’est plus capable de s’occuper de ses enfants. Elle a une préférence marquée pour son fil aîné, qui est un délinquant notoire et qui terrorise son frère et sa soeur. La fille protège son petit frère, Paul. La famille vit une vie assez marginale, en retrait de la communauté d’expatriés français, elle est marginalisée, déclassée. La fille est livrée à elle-même et se détache de sa famille pour faire sa propre expérience de la vie.
THÈMES
Plus que la découverte de l’amour physique avec le Chinois, l’oeuvre aborde le thème du passage de l’adolescence à l’âge adulte ou encore la thématique de la transgression (différence d’âge entre la fille et le Chinois, différence de culture donnant lieu à un amour impossible, relation vénale…). L’oeuvre parle aussi de la famille et du rapport à la mère.

LA RENCONTRE
La scène de la rencontre se passe au moment de la traversée du Mékong, sur le bac. La traversée est un symbole : celui du passage de l’enfance / adolescence à l’âge adulte pour la fille de 15 ans.
AUTOBIOGRAPHIE ?
Les garçons dont l’auteure parle dans L’amant sont ses frères dans la vraie vie. Sa mère est bien la directrice d’école décrite dans le roman. Il y a beaucoup d’éléments autobiographiques dans L’amant.
Son père est mort alors qu’elle était jeune. Dans l’oeuvre L’amant, le père est aussi absent.
Pourtant, malgré de nombreuses ressemblances, on ne peut pas dire que le roman est autobiographique. On parle d’autofiction.
LE STYLE DE DURAS
On peut retenir cette citation : « En définitive, le « Style Duras », c’est la capacité à mettre en relation la pudeur et et l’impudeur avec beaucoup de sensibilité. Et c’est d’une redoutable efficacité » (source).
INTERTEXTUALITÉ
Le sujet évoqué dans L’amant a déjà été traité par l’auteure en 1950 dans Un barrage contre le Pacifique. On y retrouve la Mère, Suzanne (qui est la jeune fille de L’amant), Monsieur Jo ressemble à l’amant dans le roman éponyme (= du même nom). L’histoire de la concession inondable et ruineuse achetée par la mère est aussi évoquée dans L’amant.
LE FILM D’ANNAUD ET LE DÉSACCORD
Jean-Jacques Annaud réalise une adaptation cinématographique de L’amant, qui sortira en 1992. Ce film déplaira fortement à Marguerite Duras (« Rien ne m’attache au film, c’est un fantasme d’un nommé Annaud ») qui décide de réécrire L’amant. Cela donnera l’oeuvre L’amant de la Chine du nord, qui contient de nombreuses indications en vue d’une nouvelles adaptation cinématographique.

DE L’AMANT À L’AMANT DE LA CHINE DU NORD
En 1991, elle reprend donc L’amant sous une autre forme dans L’amant de la Chine du nord.
L’amant de la Chine du nord contient des indications pour une future adaptation au cinéma, écrites par l’auteure. Cette oeuvre est également davantage musicale par rapport à la première, notamment pour ce qui est de la scène de rencontre, sur le Mékong.



Comparez maintenant cette même scène de rencontre racontée dans L’amant de la Chine du nord (1991, édition numérique) :




L’auteure y parle de la première version, celle de L’amant, en faisant référence au « livre ». La scène est plus longue, elle est racontée essentiellement au discours direct. La petite y est décrite de manière plus prosaïque, lui est embelli. La scène a des allures beaucoup plus cinématographiques que dans L’amant.

Pour approfondir
- Le célèbre groupe de rock Indochine tire son nom de l’oeuvre de Marguerite Duras.
- Delmotte-Halter, A. (2010). L’Amant, approche ethnocritique : https://www.larevuedesressources.org/l-amant-approche-ethnocritique,1672.html
- Kocevar, S. (2018). La raison graphique dans «L’Amant de la Chine du Nord» de Marguerite Duras: mise en scène du personnage littératien comme vecteur de transmission :
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